Christian Tissier, toujours visionnaire, ce samedi 25 février 2023 à Vincennes : de la précision du geste à la fluidité du mouvement, il nous entraîne dans son sillage… pour le plus grand plaisir d’un tatami bondé.
De la belle interview, réalisée début février par le Courrier Cauchoix (1), à l’occasion du stage annuel de Christian Tissier au Grand Quevilly, l'on relèvera quelques morceaux choisis dans la perception que se fait la maître de son art :
"L'aïkido, c'est une série de principes, éminemment humains, qui aident à progresser dans la vision qu'on peut avoir des choses."
Et voilà, tout est dit, au détour d'une petite phrase ; qui semble si naturelle, dans la conversation, qu'on en oublierait presque combien elle explique bien la connexion sans faille qui existe entre la technique et l'individu qui la pratique.
Et qui sait si bien nous faire comprendre que la technique est là autant pour éveiller notre perception que dans le but d'atteindre le geste qui fonctionne.
Ici, sur le tapis, on entre dans la marche du mouvement.
S'il est bien une gageure, c'est de garder intact ce degré d'implication qui suppose de s'épurer jusqu'à se changer soi-même. Il y en a, des détails, à aborder !
"En ce moment, je travaille sur le placement des mains", explique t-il aujourd'hui ; et qui peut à part lui nommer une telle évidence, sans sourciller, alors que la centaine de pratiquants présents s'esclaffe franchement, comme s'il faisait effort pour se mettre au niveau d'un public de maternelle.
Il est comme cela, Christian : il fait exprès d'énoncer des évidences. Mais bien évidemment, ces évidences-là, personne n'y avait jamais pensé...
C'est tout nouveau, au contraire : les mains qui déterminent la position, la position qui donne l'angle, l'angle qui donne le mouvement. Dire que toute une technique se trouve conditionnée par un simple geste ; que le placement d'un doigt est ou n'est pas propice à l'action...
Il en faut, des années, pour s'approprier un tel sens du détail. Cela ne compterait pas autant s'il n'avait pas des telles répercussions : dans la technique naissante, c'est notre rapport à l'autre qui prend forme. Choisir son geste, c'est comme choisir ses mots : c'est important.
"Je préfère le mot LIMITE au mot DESEQUILIBRE", explique-t-il, sur sa lancée, parce qu'il traduit mieux jusqu'où l'on peut aller dans l'action. Parce que, ce qui compte, c'est le point que l'on ne peut pas dépasser..."
Et d'illustrer le propos avec un Irimi Nage au déplacement quasi minimaliste.
Relier les points entre eux comme les petits cailloux d’un parcours devient la condition pour ne pas avoir à s'arrêter ; pour continuer la conversation.
Pas nécessairement pour aller vite : "On a le temps, hein, on expérimente, ici..." mais pour construire un vrai relâchement, gagné point après point, pierre après pierre.
D’un pont à l’autre, on ouvre sa disponibilité au partenaire.
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A noter la présence lumineuse de Yoko Okamoto, 7eDan Shihan, en déplacement exceptionnel en France, avant d’intervenir à Cologne au club de Bodo Rödel (2), et qui eu la gentillesse d’assurer 1h de cours l’après-midi et de nous donner à ressentir la fluidité de sa technique.
(1) Lien vers la vidéo du Courrier Cauchoix consacrée au stage de Christian Tissier au Grand Quevilly, le 12 février 2023 :
(2) Informations de stage sur le site internet du club de Bodo Rödel, 6e Dan Aïkikaï , affilié à l'Aïkido Föderation Deutschland :
https://www.aikido-schule.de/veranstaltungen/
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