Christian Tissier nous présentait ses voeux samedi 9 janvier en visioconférence ! Une belle façon de garder le lien en ces temps sans dojos... Pour la pratique et pour l'année qui commence.
C’est une belle idée, que celle que l’on doit à Wim Van Gils, 6e Dan Aïkikaï et enseignant aux Pays-Bas, que d’avoir proposé à Christian Tissier, 8e Dan Shihan, une interview interactive dans l’esprit des rendez-vous du moment : en ligne, mais aussi conviviale et informelle.
En ce début d’année 2021, où l’espoir de reprendre la pratique sur les tapis s’est vu différé et nous plonge encore en plein doute, où la cérémonie-même du Kagamibiraki (1) s’est tenue au Hombu Dojo (2) en huis clos, quel plaisir que de renouer le lien fragilisé par le vide, de rencontres et de moments en communs…
Pas de stage en vue ? Qu’importe. C’est via nos écrans que nous pouvons poser nos questions. En premier lieu, comment faire face à l’incertitude.
Ce n’est pas une mince affaire que de réunir, par écrans interposés, une centaine d’aïkidokas de pays différents. Pari tenu par quelques fins techniciens, en l’occurrence informatiques, le 9 janvier dernier, avec cette possibilité rare de poser ses propres questions, centralisées par l’hôte. Une belle façon de commencer l’année, quand tant de choses nous séparent mais que la même passion nous unit.
En anglais, pour que chacun puisse comprendre, par-delà la variété des pays, Christian Tissier nous donne le bonjour et c'est toute une année tronquée qui soudain se régénère. C’est presque comme si on était tous présents, d’ailleurs on l’est, présents, même par réseau électronique.
D‘abord tout étonnés, de se voir connectés tous ensemble ; et puis tout à coup, c'est la magie. Il est vrai que la période qui nous frappe a révolutionné notre accès à l’échange.
Que pense-t-il, lui, d’ailleurs, des tentatives actuelles de pratique « distanciée » ?
Il n’a rien contre et félicite même de belles initiatives prises en ligne.
« Les gens ont besoin de vidéos pour entretenir le lien », durant cette période où ils n'ont pas grand-chose d'autre. Mais il pense également que l’élève a besoin du conseil personnalisé de son professeur, physiquement, dans l’instant, pour faire sens.
Que ferons-nous, au retour ? « Il faudrait déjà qu’on reprenne » ! répond-il prudemment, avec un brin d’humour, mais il sait que de lui on attend une réponse.
Le confinement intérieur ne peut pas durer éternellement. Il faut pouvoir se projeter, même mentalement, dans l’avenir.
« Eh bien, des projections, justement ! Des kokyu nage, des formes fluides, pour relancer le corps et relancer le souffle. » L’énergie souffre dans le manque de mouvement. Commencer par reprendre contact avec le sol, avec l’espace. Et de parler de pratique il s’anime, suit la technique des yeux, nous embarque tous ensemble. Comme si on était sur le tapis.
La sensation de liberté passe toujours par le corps : « Si tu veux pratiquer dans le plaisir, mais que tes épaules sont bloquées, ce n’est pas le Ki que tu mets en œuvre. C’est une idée du Ki, ce n’est pas de l’aïkido. Pratiquer pleinement, c’est faire passer l’énergie par le corps. »
Alors, comment on s'y prend ?
« En protégeant son enthousiasme. » Le vrai défi d’aujourd’hui, c’est de garder intacte cette petite flamme innée et de la réactiver au bon moment.
Oui, mais par quelle technique commencer, dès demain dans les dojos ?
Peu importe. Selon le club, l’enseignant, celle qui sera la plus à même de renouer avec le désir d’apprendre et d’évoluer.
« Nous devrons reprendre en douceur et renouer avec nos sensations... »
(1) Kagamibiraki : Cérémonie traditionnelle de la Nouvelle Année au Japon, très présente dans les arts martiaux traditionnels japonais et qui se tient lieu chaque année au Hombu Dojo, avant le premier cours de l'année.
(2) Hombu Dojo : Dojo principal et centre administratif de la pratique, ici l'Aïkikaï.
Écrire commentaire