Et les fondamentaux transcendent le travail de la discipline...
Christian Tissier était présent le 8 octobre dernier sur les tatamis du gymnase Hector Berlioz, à Vincennes, à l'occasion d'un grand stage de début de
saison.
A la demande de la ligue F.F.A.A.A*(1) d'Ile-de-France, il y était invité à présenter le travail fondamental de l’aïkido : celui qui préside à la construction de tout pratiquant dans la discipline.
On pourrait s'étonner qu’un 8e dan Shihan*(2), plus haut gradé français, élite de l’aïkido international et référence au sein de l’Aïkikaï*(3), présente un stage de ligue de début de saison, à l’usage de tout aïkidoka, du 6e kyu au plus haut grade.
On sait comme il est difficile pour chacun d'y trouver son compte, étant donnée la disparité des niveaux et des bagages.
Mais de l’avis de tous, ce stage s’est révélé une réussite, tant par sa qualité que pour son esprit de tolérance et de convivialité.
Lorsqu’on parle en aïkido de travail de base, on pourrait s’attendre à un espace consensuel autour duquel s’articulent les déplacements que l’on apprend en tant que kyu afin de construire ses premières techniques.
Sur le plan strict de la construction, c’est bien de cela qu’il s’agit.
Comme le professeur le dit non sans malice, « il n’y a pas de magie » dans ce travail, seulement des fondamentaux, sans lesquels la progression technique ne saurait s’articuler.
Pourtant là, sur le tapis, dès la première technique, c’est à la fois cela et tout autre chose qui prend forme.
Il parle du point de rencontre dans le placement, de la distance, de l’axe autour du partenaire et c’est tout un univers qui surgit.
On se rend compte que, que l’on soit kyu ou gradé, on en construira de la même façon "shihonage".
Cela rapproche, forcément, d’en prendre conscience.
Quel que soit le partenaire avec lequel on est, la connivence s’installe graduellement.
Pourquoi on travaille plus court, pourquoi on accélère ? Parce que dans le déplacement on a moins de gestes parasites. On hésite moins, petit à petit. Et si on fait fausse route, le partenaire le sent et dans cette atmosphère détendue, nous avec.
Personne ne cherche à en remontrer à l’autre.
Alors on enchaîne, on dénoue ses épaules et on se libère. Qui a dit qu’il fallait forcément aller vite ? On se fait plus calme, on se détend.
La précision qui manquait au geste s’acquiert là, sans précipitation, dans l’échange.
On améliore ses gestes dans cette nouvelle idée, pleine de sympathie et on sait qu’on n’a pas perdu son dimanche.
Et puis, dans le même temps, on respire. Ce qui était effort physique se fait plaisir d'évoluer, dans le mouvement.
La contrainte s’efface comme une ombre.
Les bleus et blancs des gi*(4) s’entrecroisent comme l’on sait où l’on va, inexorablement.
C’est peut-être le propre d’un grand stage, que de proposer, sans l’imposer, pour que chacun puisse la voir à sa mesure, une direction aussi évidente.
Ici, sur le tapis, on va vers l’autre. En même temps qu’on construit sa propre progression.
On en pensera ce qu'on en veut, trouver cette ambiance-là lors d'un stage, ce n'est pas si souvent que ça arrive !
Et quand un grand monsieur sait nous monter le lien entre notre travail de débutant et l'esprit-même du fondateur, on se dit quand-même un peu qu'il y a là de la
magie, forcément.
(1) *F.F.A.A.A : Fédération Française d'Aïkido, Aïkibudo et Affinitaires.
(2) *Shihan : Distinction officielle comme "référence", "modèle".
(3) *Aïkikaï : Organisation créée en 1940 par Kisshomaru Ueshiba, avec l'appui de son père, pour promouvoir le développement de l'aïkido.
(4) *Gi : Vêtement d'entraînement.
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patrice.reuschlé (dimanche, 15 octobre 2017 18:51)
Trés bel article
Aikido nogent .pat (jeudi, 02 novembre 2017 15:21)
Superbe article. Belle synthèse du stage . Et parallèlement, les nouveaux objectifs de la nouvelle Ligue IDF ont été justement restitués... bravo !
Redac_aïki (jeudi, 09 novembre 2017 20:49)
J'en suis heureuse. Et merci pour ce beau compliment.
C'est tout l'aïkido qui se trouve grandi, je trouve, par un stage de cette nature.
Merci à toi pour les photos dont la qualité m'a poussée à en choisir une pour illustrer cet article ; elle illustrait au mieux mon propos.
Et l'on te doit les meilleurs visuels pris lors de ce stage ;-)