Qui s’intéresse aux enjeux et à l’histoire de l’aïkido a forcément un jour ou l’autre, au fil de ses recherches, rencontré les écrits de Stanley Pranin.
Disparu trop tôt le 7 mars dernier à la suite d’une maladie-éclair, Stanley Pranin était le grand historien de l’aïkido, auteur de plusieurs livres dans le domaine et rédacteur en chef d’Aïki News, fondé en 1974, qui allait devenir Aïkido Journal.
Si le titre reste à ce jour une référence incontournable pour l’’information et l’analyse dans le domaine de l’aïkido, le parcours de l’homme n’est pas en reste, et nous voudrions ici rendre hommage à celui qui toute sa vie s’est révélé un chercheur passionné, documentaliste sans faille de l’histoire de la discipline, de ses influences, de son évolution aussi, et a su travailler si activement à accroître sa notoriété.
Stanley Pranin commence le Yoshinkan Budo en Californie en 1962, puis évolue progressivement vers le style Aïkikai (aïkido officiel du fondateur). Il part au Japon en 1977, où il va rester plus de 20 ans, pratiquant et publiant son journal en japonais et en anglais.
Sous le titre d’Aïkido Journal, la publication évolue au fil du temps sur le web, où elle concentre un important flux d’information sur l’aïkido lui-même, ainsi que sur le Daïto-ryu, budo traditionnel antérieur auquel s’intéresse également l'auteur, et dont l’aïkido moderne s’inspire à bien des niveaux.
Durant les années 70 et 80, Stanley Pranin suit l’enseignement de Morihiro Saito à l'Aïkikaï, qui lui délivrera le grade de 5e dan en 1983.
Parallèlement, il réalise une série d’interviews, notamment de Kishomaru Ueshiba, fils du fondateur (dont la dernière en 1996), qui conduiront à la publication de plusieurs ouvrages sur l’histoire et les principales techniques héritées du maître :
Takemusu Aïkido va ainsi voir le jour en 6 volumes, en collaboration avec Morihiro Saito pour la partie technique, et en hommage au "Takemusu Aïki"de Morihei Ueshiba lui-même, série de conférences longtemps restées inexploitées, qui ne seront mises en forme et publiées que beaucoup plus tard, à l'aube des années 2000.
Pratiquant inlassable et patient, enseignant pédagogue, passionné, Stanley Pranin fut l’un des grands pionniers d’un travail de réflexion et d’analyse autour de l’aïkido, pressentant très tôt, dès les années 60, la singularité de cette discipline par rapport à ses sœurs martiales, sa richesse, et l’influence qu’elle allait être amenée à exercer dans la vie de ses contemporains, à l’échelle internationale.
J'avais eu la très grande chance d’assister à l’une de ses conférences (Fête de l’Aïkido, 2012) organisée à Paris par la F.F.A.A.A. et Christian Tissier, qui voulait notamment donner l’occasion aux jeunes pratiquants fascinés par les possibilités de la discipline l’opportunité d’un face-à-face avec cette grande figure :
il y avait montré le travail universitaire d'un homme au savoir encyclopédique, qui parlait d’ailleurs très bien le français et savait comme personne rendre compte de la singularité d’un personnage (O Senseï), de sa complexité aussi, restituées à l’échelle d’une époque et d’une culture.
Comme alors – et avec quelle verve ! - il avait su mettre en exergue le génie d’un homme, montrant dans le même temps l’étendue de son propre talent, celui d’un auteur rare, précis, toujours émerveillé, qui ne pouvait que transmettre à d’autres passionnés cet émerveillement, ainsi qu’un grand respect pour sa simplicité et son enthousiasme.
Alors, Monsieur Pranin, encore merci, vous nous avez légué dans vos portraits le goût du mot juste, l’envie de continuer l’aventure de l'analyse et celle de poursuivre la réflexion.
Liens utiles :
https://en.wikipedia.org/wiki/Stanley_Pranin
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